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  Plongée
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Métier en danger
 
 
(Juin2009 - PO)
reédition 11/2017 
" Saint Expédit priez pour nous, pauvres moniteurs de plongées "


Pris en tenaille entre une crise économique qui s’aggrave chaque jour un peu plus et un délicat problème de communication entre ses différents acteurs (administrations, fédérations et syndicats), la plongée sous-marine de loisir est bien partie pour faire une profonde… dépression !

Mais la situation n’est pas nouvelle. Déjà en 1997, alors que je découvrais  le « travail » de moniteur en arrivant à La Réunion, après une pratique fédérale de plusieurs années en tant que dirigeant de club et de comité départemental,   il m’avait déjà semblé urgent d’alerter mon syndicat, l’ANMP sur l’état de la profession et de la majorité des structures de plongée réunionnaises dont la plupart bricolaient encore dans des containers, et sur les dangers d’une telle situation…

Qualité du matériel parfois douteuse, encadrants démotivés et fatigués, dirigeants aussi angoissés par la tristesse de leur chiffre d’affaires  que par le risque permanent du « pépin » qui peut stopper l’activité du jour au lendemain (météo, pb mécanique, accident…), on se demande ce qui peut bien pousser ces aventuriers des mers à faire de la plongée un métier…

La réponse tient dans un seul mot : Passion.  C’est  elle qui, depuis des générations, rassemble hommes, femmes et enfants, de 8 à 78 ans, dans une même occupation qui est passée du domaine militaire, au sport viril puis de loisir, pour arriver aujourd’hui à s’inscrire dans les activités de pleine nature.
En plongée, le plaisir de partager autant que la soif de découverte d’un monde secret, ne se conçoivent pas sans un certain dépassement de soi, que ce soit physique ou  psychologique. C’est sans doute par là que passe notre passion. Les professionnels n’échappent pas à cette règle mais ils doivent faire face à un challenge supplémentaire : la rentabilité.

De ce point de vue, les clubs fédéraux et les structures professionnelles ne jouent pas tout à fait dans la même cour. L’allégement d’une grande partie des charges et les subventions, permettent aux premiers de fonctionner pour un coût minimum – donc d’offrir une pratique pour un coût modique, alors que les seconds, s’ils veulent préserver leur activité, sont obligés de serrer leurs tarifs au maximum au risque de travailler à perte. Mais ces deux marchés sont si étroitement imbriqués que  les pratiquants se retrouvent aussi bien dans un camp que dans l’autre et c’est eux qui imposent les règles du jeu.
Le plongeur français ne sera pas prêt à payer le prix du professionnalisme  tant que sa référence sera la plongée fédérale. Les plus grands perdants de ce système sont les moniteurs qui s’engagent dans la voie du Brevet d’état sans avoir conscience de ce qui les attend.

Pendant ce temps, alors que le pouvoir d’achat, parfois transformé en "peau de chagrin",  doit satisfaire une soif de consommation de plus en plus grande, notre société souhaite accéder à toujours plus de loisirs et d’évasion . Si on rajoute à cela l’isolement et le coût de la vie à La Réunion, ici les acteurs du tourisme, et plus particulièrement ceux des sports de pleine nature, doivent impérativement s’adapter s’ils veulent survivre. Parmi les plus touchées, on trouve les activités dont  les investissements matériels et les besoins en encadrement sont les plus importants, et dont le fonctionnement devient aléatoire pour peu qu’il dépende des conditions météorologiques.

On l’a compris,  dans ce tableau cornélien le métier de moniteur de plongée tient plus du sacerdoce que de l’opportunisme. Seuls résisteront les plus forts et les plus motivés, les autres se perdront dans les abysses du marasme économique, entraînant malheureusement avec eux quelques potentiel(le)s plongeu(ses)rs  qui auraient pu grossir les rangs de notre communauté de sympathiques éco-aventuriers.
contact   0692.562.369