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Plongeur recyclé

 
Novembre 2008 - PO
A l’heure où l’on parle de préservation de la planète, de développement durable, de recyclage, pourquoi les plongeurs n’adopteraient-ils pas cette politique pour eux- mêmes ?
 
 Après tout, la préservation (de la santé) du plongeur ne devrait-elle pas de la même façon passer systématiquement par un recyclage ? Le développement durable de notre activité n’est-il pas soumis au même souci de « conservation » de ses pratiquants ?
 
A partir du niveau 2, après avoir sacrifié au rite initiatique de la formation technique, un nouvel accès privilégié s’ouvre sur le monde sous-marin avec  l’AUTONOMIE.  Grâce à cet apprentissage parfois douloureux, il devient tout à coup possible d’évoluer avec une relative liberté dans un espace qui peut être aussi fantastique que périlleux. Là, encore à l’abri de la convoitise du commun des terriens, se cachent les précieux trésors d’une nature sauvegardée par le plus terrible des gardiens, l’ EAU!
 
C’est en composant avec cet élément, et non en s’y opposant, que le plongeur doit assumer son autonomie. La capacité d’intégration et l’humilité sont les principales conditions pour cela… deux qualités morales qui ne peuvent que s’enrichir de l’expérience et de la pratique. Mais s’il paraît nécessaire que l’apprentissage soit suivi d’une pratique régulière, il paraît tout aussi important de  préserver les capacités physiques et techniques, compléments indispensables pour préserver ou parfaire l’aptitude d’adaptation du plongeur.
 
Malgré cela, tout à notre plaisir d’évoluer (presque) librement et sans jamais rencontrer de problèmes dans les 3 dimensions que nous offre l’univers subaquatique, nous perdons parfois conscience des risques que représente le milieu. Routine, excès de confiance, banalisation du danger, sont autant de facteurs qui participent largement à ce lent mais inexorable glissement vers l’inconscience.
 
Paradoxalement et de façon tout à fait contradictoire avec la théorie du « renforcement par la pratique », on peut considérer que plus nous plongeons, plus nous sommes susceptibles d’être exposés à cette véritable dégénérescence comportementale.
 
Seul l’entraînement technique permet d’éviter cette spirale du laxisme et ce n’est (en principe) que grâce à leur rôle de formateurs, autant qu’à leur « obligation de sécurité », que les moniteurs échappent à ce phénomène. Mais les exemples ne manquent pas pour prouver que là encore ce n’est pas une règle absolue.
 
Face à la réalité de cette situation, hormis une formation de qualité, la sécurité du plongeur en autonomie ne peut donc que passer par l’entretien :
1/ d’une bonne condition physique (par l’exercice),
2/ de la capacité d’intégration (par une pratique régulière),
3/ des automatismes techniques (par l’entraînement périodique).
En l’absence de l’une de ces conditions, on s’expose inévitablement un jour à devoir gérer une situation qui tendra forcément à dégénérer parce qu’elle sera mal contrôlée.
 
Si la plupart des plongeurs sont conscients du caractère indispensable des deux premières, il est beaucoup plus rare d’en voir redemander une dose de technique « pour le plaisir »… Qui sacrifierait son temps ou son argent pour une activité qui ne peut servir qu’aux autres, car c’est bien connu « les problèmes n’arrivent qu’aux autres » ?
Il faut reconnaître que le vieux souvenir des durs moments passés en formation n’est pas là pour aider à franchir le pas. Alors pourquoi ne pas voir cette démarche sous un angle plus sympathique ?
 
Destiné à ré-ancrer, voire à mettre jour les automatismes d’intervention et les méthodes de plongée profonde, le recyclage technique peut avoir un aspect moins rébarbatif si on l’organise par modules de deux à trois séances et par binômes. Chaque binôme est formé par affinité et suivi par un moniteur pour la durée du recyclage. Après un rappel théorique des principes et objectifs de la gestion d’incidents en plongée profonde, ces séances sont conduites comme un film en décor naturel dont les deux plongeurs (binôme) sont les acteurs et le moniteur joue le rôle du réalisateur. Plus le scénario est réaliste, plus cette expérience mêlant vieux savoir-faire et nouveaux apprentissages est susceptible d’être enregistrée efficacement dans le cerveau du plongeur, renforçant de même coup sa capacité à répondre « intelligemment » à une éventuelle situation d’urgence.
 
La coresponsabilité n’est pas qu’un mot employé par les assureurs ou les juges, c’est avant tout un contrat moral que l’on a avec son binôme et  le recyclage technique reste malgré tout le meilleur moyen de l'assumer autant que de plonger le plus longtemps possible et avec un maximum de plaisir, même si rien ni personne ne l’impose...