Il y a parfois des petits mots qui provoquent de longs débats. Ainsi le qualificatif «BON», lorsqu’il est associé au plongeur, peut faire naître une polémique qui tient plus à l’image véhiculée par ce mot qu’à la pure sémantique.
Pour certains, la qualité du plongeur est indissociable de son niveau de qualification: plus le niveau est haut, plus le plongeur est BON…
Pour d’autres, la valeur du plongeur est directement proportionnelle au nombre de plongées qu’il a à son actif: à 100 plongées on est bon, à 500 on est super bon, à 1000 on est extra bon… !
Enfin, il y a ceux qui, se fiant aux apparences, pensent qu’un plongeur équipé comme un pro est un pro, ou à l’inverse d’autres pour qui un équipement usé à la corde est le signe d’une longue expérience… Mais là, on n’est pas loin d’entrer dans un autre débat qui est celui du pouvoir d’achat des moniteurs (…).
Alors, qu’est-ce donc qu’un Bon plongeur si ce n’est tout cela?
En tant que formateur et organisateur de l’activité, donc gestionnaire du risque, je pense avoir appris à reconnaître celui ou celle qui aura besoin d’un peu plus d’attention en plongée.
Et c’est là qu’il faut revenir à la sémantique pour dire que dans notre cas l’antonyme de Bon n’est pas Mauvais, mais Dangereux… Le bon plongeur doit donc être avant tout un plongeur sûr…
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La question est maintenant de savoir ce qu’est un plongeur Sûr?
Mais là encore il faut faire attention à ne pas confondre ce dernier avec un plongeur sûr… de lui, car dans ce cas on peut aussi bien avoir à faire à un inconscient ou à un vaniteux qui un jour ou l’autre se mettra en danger, entraînant généralement avec lui son binôme, par manque d’humilité.
Ainsi, par défaut, nous considérerons qu’un plongeur sûr est celui qui a la capacité de garder la maîtrise et le contrôle de la situation en plongée, tout en sachant reconnaître ses limites pour ne pas avoir à faire face à l’incontrôlable.
Peut-on dire maintenant qu’un plongeur sûr est un Bon plongeur?
A mon avis, aux aptitudes de technicien du premier, il faudrait ajouter quelque chose d’humain, j’irai jusqu’à dire d’animal pour que, par une parfaite appréhension du milieu sous-marin, on finisse par se rapprocher au plus près de l’homopalmus idéal.
Ce coté mi-humain/mi-poisson nous donnerait en effet l’avantage d’allier l’intelligence et l’instinct, le savoir-faire et le savoir-être… Bref, il n’est pas besoin d’être moniteur, d’avoir 5000 plongées et d’avoir un équipement dernier cri pour être un Bon plongeur (je connais des N2 meilleurs que des moniteurs)…
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Enfin, si «la qualité» du plongeur tient en grande partie à sa maîtrise de quelques gestes techniques, sa capacité de gestion et de contrôle viendra avant tout de sa force mentale. De la même façon, on peut considérer que son aptitude à s'adapter découlera en grande partie de la richesse de son expérience. Une fois toutes ces conditions réunies, la part d’efforts physiques à fournir ne justifient plus un physique de grand sportif (sauf peut être pour les encadrants), mais une bonne condition physique, exempte de toute contre-indication, reste indispensable surtout au niveau cardio-ventilatoire (…).
Ainsi, pourrait-on schématiquement considérer que le meilleur cocktail pour obtenir un «Bon plongeur» serait fait de:
- 40 % de mental (fort, motivé, capacités d’analyse et de recul…),
- 30 % d’expérience et d’intelligence (pour l’utiliser),
- 20 % de technique,
- 10 % de physique (hors contre-indications et autres handicaps notoires).
Et enfin, n’oublions pas que la plongée reste une activité à risques (même si on prétend parfois le contraire pour mieux vendre) et que comme on le dirait aussi chez les motards...
«Un bon plongeur est avant tout un vieux plongeur!» |