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Bon plongeur
Etre ou ne pas Etre

Sauvé par l’humilité
 
 
 
 
Auteur : Patrick Orti
Publication :Mai 2008
Il y a parfois des petits mots qui provoquent de longs débats. Ainsi le qualificatif «BON», lorsqu’il est associé au plongeur, peut faire naître une polémique qui tient plus à l’image véhiculée par ce mot qu’à la pure sémantique.
 
Pour certains, la qualité du plongeur est indissociable de son niveau de qualification: plus le niveau est haut, plus le plongeur est BON…
Pour d’autres, la valeur du plongeur est directement proportionnelle au nombre de plongées qu’il a à son actif: à 100 plongées on est bon, à 500 on est super bon, à 1000 on est extra bon… !
Enfin, il y a ceux qui, se fiant aux apparences, pensent qu’un plongeur équipé comme un pro est un pro, ou à l’inverse d’autres pour qui un équipement usé à la corde est le signe d’une longue expérience… Mais là, on n’est pas loin d’entrer dans un autre débat qui est celui du pouvoir d’achat des moniteurs (…).
 
Alors, qu’est-ce donc qu’un Bon plongeur si ce n’est tout cela?
En tant que formateur et organisateur de l’activité, donc gestionnaire du risque, je pense avoir appris à reconnaître celui ou celle qui aura besoin d’un peu plus d’attention en plongée.
Et c’est là qu’il faut revenir à la sémantique pour dire que dans notre cas l’antonyme de Bon n’est pas Mauvais, mais Dangereux… Le bon plongeur doit donc être avant tout un plongeur sûr…
La question est maintenant de savoir ce qu’est un plongeur Sûr?
Mais là encore il faut faire attention à ne pas confondre ce dernier avec un plongeur sûr… de lui, car dans ce cas on peut aussi bien avoir à faire à un inconscient ou à un vaniteux qui un jour ou l’autre se mettra en danger, entraînant généralement avec lui son binôme, par manque d’humilité.
 
Ainsi, par défaut, nous considérerons qu’un plongeur sûr est celui qui a la capacité de garder la maîtrise et le contrôle de la situation en plongée, tout en sachant reconnaître ses limites pour ne pas avoir à faire face à l’incontrôlable.
 
Peut-on dire maintenant qu’un plongeur sûr est un Bon plongeur?
A mon avis, aux aptitudes de technicien du premier, il faudrait ajouter quelque chose d’humain, j’irai jusqu’à dire d’animal pour que, par une parfaite appréhension du milieu sous-marin, on finisse par se rapprocher au plus près de l’homopalmus idéal.
 
Ce coté mi-humain/mi-poisson nous donnerait en effet l’avantage d’allier l’intelligence et l’instinct, le savoir-faire et le savoir-être… Bref, il n’est pas besoin d’être moniteur, d’avoir 5000 plongées et d’avoir un équipement dernier cri pour être un Bon plongeur (je connais des N2 meilleurs que des moniteurs)…
Enfin, si «la qualité» du plongeur tient en grande partie à sa maîtrise de quelques gestes techniques, sa capacité de gestion et de contrôle viendra avant tout de sa force mentale. De la même façon, on peut considérer que son aptitude à s'adapter découlera en grande partie de la richesse de son expérience. Une fois toutes ces conditions réunies, la part d’efforts physiques à fournir ne justifient plus un physique de grand sportif (sauf peut être pour les encadrants), mais une bonne condition physique, exempte de toute contre-indication, reste indispensable surtout au niveau cardio-ventilatoire (…).

Ainsi, pourrait-on schématiquement considérer que le meilleur cocktail pour obtenir un «Bon plongeur» serait fait de:
- 40 % de mental (fort, motivé, capacités d’analyse et de recul…),
- 30 % d’expérience et d’intelligence (pour l’utiliser),
- 20 % de technique,
- 10 % de physique (hors contre-indications et autres handicaps notoires).
 
Et enfin, n’oublions pas que la plongée reste une activité à risques (même si on prétend parfois le contraire pour mieux vendre) et que comme on le dirait aussi chez les motards...
 
«Un bon plongeur est avant tout un vieux plongeur!»